Bonjour !
D’après les indications de
Speer dans ses
Mémoires (j’utilise une traduction, mais j’ai pu constater à plusieurs reprises qu’elle est fiable :
http://www.esnips.com/doc/7475caf5-c365-4486-b3d3-ed5b566aa6d4/Albert-Speer---In-umbra-lui-Hitler-(Vol.1), le seul voyage jamais fait à Paris par
Hitler l’a été au petit matin du 28 juin 1940. Etaient du voyage
Speer,
Breker et
Giesler (Speer écrit
Giessler, mais, à l’heure actuelle, la forme la plus courante est
Giesler – je ne m’appesantis pas ici sur ces questions de variation des conventions orthographique de l’allemand).
Moins connu que
Speer et
Breker,
Hermann Giesler était un architecte apprécié de
Hitler, et donc un peu concurrent de
Speer. Il a été chargé, entre autres, de projets d’urbanisme à Linz, ville chère au cœur de
Hitler. Il a aussi construit la villa de
Sauckel à Weimar (
Sauckel était Gauleiter de Thuringe) et rénové l’
Hotel Elephant, toujours à Weimar.
Cette visite n’avait pas un caractère officiel, mais plutôt « artistique ». Les trois « artistes » accompagnant Hitler avaient été, pour l’occasion, pourvus d’uniformes feldgrau pour ne pas détoner au milieu des militaires, alors que l’on ne voit habituellement aucun des trois ainsi vêtu.
On voit ainsi, à droite de
Hitler,
Speer, puis
Giesler et, à sa gauche,
Breker.
D’après
Speer, il y avait aussi
Speidel, alors colonel, que je ne distingue pas sur la photographie (je ne vois pas de lunettes !). En revanche, au deuxième rang, entre
Hitler et
Breker, l’homme que l’on voit de profil et qui est plutôt petit, ce qui aide à le repérer, est sans doute
Bormann.
La photo est, ce me semble, due à
Hoffmann (point à vérifier).
La structure en est simple : deux lignes, une horizontale, formée par la petite troupe en uniforme et l’autre verticale, la tour, que le photographe a pris soin de cadrer en son entier, ce qui donne tout son sens et sa valeur à la photo. Les deux lignes ne s’opposent pas, mais se combinent en un ensemble, à cause de la forme de la tour, qui va s’amincissant vers le haut et dont le groupe d’uniformés, bien étalé en largeur, forme la base.
La répartition des participants au premier rang correspond à une sorte d’ordre de préséance,
Breker, à gauche est un peu en avant, jouant, en tant que « vieux parisien », le rôle de puissance invitante (alors que, dans une logique plus hiérarchiquement militaire, cela aurait dû être
Speidel). Le choix des couvre-chefs correspond peut-être à cette préséance, Speer ayant une casquette comme
Hitler, tandis que
Breker et
Giesler ont un simple calot (
Schiffchen).
Il est curieux de constater que
Speer est au total celui qui est le mieux mis en valeur par cette photographie.
D’après
Speer, la visite, spécifiquement artistique ainsi que je l’ai dit, s’est placée dans la perspective bien hitlérienne de construction de la grande capitale mondiale
Germania, devant éclipser Paris. Lors de sa visite,
Hitler fut particulièrement impressionné par l’escalier monumental de l’Opéra et
Germania devait surtout se caractériser, dans un style néo-classique très académique, par les dimensions colossales des bâtiments. Il suffit de voir les photos des maquettes et les dessins de Hitler lui-même. C’est peu de dire que l’arc de triomphe était conçu pour être gigantesque et pas vraiment un exemple d’architecture légère et aérienne. Hitler se rêva jusqu’au bout architecte tel que le décrit
Kubizek dans ses jeunes années à Vienne, où il ne cessait de reconstruire dans son esprit les bâtiments de la ville. En fait, il tournait résolument le dos à tous les développements de l’architecture moderne, y compris du strict point de vue des techniques de construction, plaçant au total son projet dans le cadre des « utopies » irréalisables. .
D’autre part, la photographie de droite ne représente sans doute pas une unité de la
Waffen-SS, toutes étant motorisées à l’époque, ce qui n’est manifestement pas le cas de la troupe représentée.
Snežana