Après avoir appris à l’âge de 18 ans le passé de son père, ancien officier SS, Didi Henke fit le voyage, de son Allemagne natale en Israël avant de s’y installer pour aider les survivants des camps. Aujourd’hui, quelque 20 ans plus tard, le ministère des Affaires Sociales lui rend hommage.
« Tout d’un coup, dit-elle, à mes 18 ans, ma vie s’est renversée. Apprendre, sans jamais en avoir entendu parler auparavant, que votre père était un officier nazi, croyez-moi que c’est un choc difficile à décrire ». La femme de 67 ans a encore du mal à trouver ses mots pour décrire ce que fut pour elle ce moment de vérité.
Après cette découverte qui lui brisa le cœur, Henke décida de déménager en Israël et dédia sa vie à l’Etat et au bien-être des survivants de la Shoah.
Elle apprit le passé de son père par hasard, lors de ses études universitaires en Allemagne. « Dans un des cours, on nous demandait d’apprendre l’histoire de nos villes », se souvient-elle. J’ai cherché des sources d’information dans les archives de l’université, et tout d’un coup, j’ai découvert que mon père était un officier nazi, qui, parmi tant d’autres choses, était chargé de gérer les dossiers énergétiques de la ville.
Cela m’a fait un choc. J’étais horrifiée. J’ai décidé de lui en parler mais lui, tout comme ma mère, refusèrent de coopérer ».
Le fait que son père ne montrait aucun remord pour ses actes passés mena Henke à couper court tous liens avec lui: « J’ai considéré qu’il était désormais hors de mon cœur et j’ai décidé de dédier le reste de ma vie aux survivants de la Shoah, dans l’espoir de réparer – autant que faire se peut – ce que fut le passé de mon père ».
Folle amoureuse d’Israël !
Du jour où Henke visita Israël pour la première fois en 1978, elle éprouva d’emblée un coup de foudre et fit pas moins de 52 allers-retours. Puis, quand vint sa retraite (1987) et avec celle-ci, la possibilité pour elle de se consacrer enfin pleinement à son projet, elle s’installa dans l’Etat juif.
A cette époque, ses parents étaient morts et ses frères et sœurs, qui restaient fidèles à l’image d’un nazi « respectable » que leur donna leur père, restèrent simplement en contact, mais l’on ne pouvait parler de véritables relations pour autant.
Depuis 1990, Henke est volontaire au sein de l’organisation Yad Sarah et aide les survivants de la Shoah. « Certains ont passé des moments difficiles avant de se faire à l’idée que j’ai un accent allemand, mais avec le temps, nous avons noué de bonnes relations, et j’ai même de véritables amis parmi eux », dit-elle dans un hébreu courant qu’elle a acquis au fil des ans.
Henke vit actuellement à Jérusalem. Elle estime que la vie en Israël et son travail de volontaire la comblent, avant de préciser : « Etant la seconde génération d’Allemands après la Shoah, nous devrions aussi estimer que nous avons une part de responsabilité actuelle à l’égard de ce qui s’est passé dans notre pays ».
Ce mardi, le ministre des Affaires Sociales a ouvert une cérémonie en l’honneur d’Henke et de 1500 autres étrangers qui arrivèrent en Israël cette année pour s’y porter volontaires. Les volontaires, dont de nombreux jeunes originaires d’Allemagne, mais aussi d’Hollande et d’Italie, vivent en Israël depuis plusieurs mois maintenant et sont volontaires dans des domaines très variés.
Intervenant à la cérémonie, Yitzhak Herzog, le ministre des Affaires sociales, a su mettre en évidence la valeur et l’importance de leur engagement: « A la fin de leur séjour en Israël, les volontaires acquièrent un statut similaire à celui des loyaux ambassadeurs de l’Etat d’Israël .
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