Convaincu que tôt ou tard il aurait à entrer dans la Seconde Guerre mondiale contre l'Axe, le gouvernement des États-Unis d'Amérique décida de définir un véhicule «idéal» pour son armée et fit un appel d'offres. Le cahier des charges prévoit quatre roues motrices, un poids de 590 kg et la capacité d'emporter 272 kg, équipage inclus, une garde au sol de 16 cm, des voies très étroites de 1,494 m permettant d'emprunter, pneus démontés, les voies de chemin de fer.
Un minuscule constructeur inconnu, Bantam, parviendra seul à tenir les délais et à emporter le marché, au moins dans un premier temps. Il avait eu l'astuce de faire fi du poids maximal, irréalisable, et qui venait d'une demande de l'infanterie. Celle-ci souhaitait pouvoir porter ses voitures à bras d'homme. L'autre atout fut d'engager pour ce projet un ingénieur astucieux, Karl Probst, qui sut s'accorder les faveurs indispensables de Spicer, unique fournisseur de transmissions 4x4. Arrivés derrière Probst, Willys et Ford allaient devoir attendre que Bantam soit servi pour être livrés. Pour son plus grand malheur Bantam n'aura pas le marché car la firme n'a pas la capacité de production des volumes annoncés par le Quater Master Corps. Pour « compenser », on confiera a BANTAM la fabrication des remorques 1/4 de tonne de type T3. Willys fabriquera également les remorques 1/4 tonne de type MBT.
Soumise aux tests des militaires, la Jeep révéla un certain nombre de faiblesses mais aussi d'immenses qualités. malheureusement le poids de 530 kilos ne fut pas réalisable. En effet le prototype pesait 920 kilos et par la suite le poids sera de 1 000 kilos environ selon les versions (ma, mb, m201, m38, m38a1 et mutt)
Willys, devenu à la fois le plus performant et le moins cher (739 dollars), décroche donc le premier contrat pour la fabrication du modèle MB, résultant d'un mélange des prototypes Willys MA et Ford GP. Suivant les règles du Quater Master Corps de l'US Army, les plans et brevets du véhicule appartiennent au gouvernement qui a le libre choix de ses fournisseurs. Face à la tournure des évènements mondiaux, l'US Army augmente rapidement sa demande et Willys révèle rapidement ses limites en capacité de production journalière. Ford tire donc son épingle du jeu, en proposant de prendre la moitié des volumes de Willys pour doubler la quantité de véhicules produits. Début 1942, Ford reçoit ses premiers contrats de production. Le véhicule s'appelle Ford GPW. L'origine du « W » reste assez confuse, « War », « Willys »... une douce revanche pour Ford, bien en avant dans son développement technologique. L'idéologie de Ford est marquée. Même si le véhicule sorti des usines de Ford et de Willys est identique dans sa conception, John Ford se différencie de Willys en marquant la quasi totalité des pièces mécaniques de sa jeep avec le « F » symbole de la marque. On retrouve ainsi ce marquage sur l'ensemble des pièces de carrosserie, la visserie, les organes moteur, les joints, la transmission et le châssis, les instruments, les pneumatiques...autant de marquages que de possibilités de se différencier. Willys et Ford fabriqueront environ 800 000 véhicules entre 1941 et 1945.
Ce véhicule a servi notamment comme véhicule de liaison pour le commandement et de support pour les transmissions. De nombreuses modifications 'terrain' sont opérées sur les véhicules. Nombreuses photos d'époque montrent toute sorte de transformations, allant des simples ajouts, aux blindages, en passant par de vrais customisations. Son efficacité et sa large diffusion en ont fait le véhicule tout-terrain de référence, à tel point que l'on appelle encore aujourd'hui jeep une automobile tout-terrain au style rustique. Le mot jeep étant une marque déposée devenue un nom commun (antonomase), il ne prend pas de majuscule quand il est utilisé comme tel.
En 1946, la société Willys s’associe avec le constructeur français Hotchkiss pour la vente et la diffusion de jeeps en France sous la responsabilité de la SOFIA (Société Financière Industrielle Automobile). En 1952, Willys concède à Hotchkiss la licence de fabrication et de commercialisation des MB ainsi que celle des pièces détachées. En 1955, l’armée française relance la production de jeeps suite aux échecs consécutifs de projet de développement d’un nouveau véhicule léger de reconnaissance (VLR) Delahaye. La première commande porte sur 465 véhicules dénommés « Jeep Hotchkiss licence MB ». Suite à quelques améliorations, les jeeps alors construites prennent l’appellation « M201 licence MB ». La production est presque entièrement destinée à l’armée française. En 1956, Hotchkiss s'associe à Brandt, la production est effectuée dans l’usine de Stains. La production s’arrête en 1966 après un total de 27 628 jeeps M201 construites.