Un spécialiste puise dans les images oubliées du procès du criminel nazi Adolf Eichmann à Jérusalem en 1961. Loin d'être un simple documentaire, ce film est une réflexion sur la nature du mal, inspiré par le livre Eichmann à Jérusalem, compte rendu du procès par la philosophe américaine d'origine allemande Hannah Arendt.
11 mai 1960. Ricardo Klement, marié et père de trois enfants, est enlevé sur son lieu de travail à Buenos Aires. Quinze jours plus tard, David Ben Gourion, chef du gouvernement israélien, annonce l'arrestation et l'extradition secrète de l'un des grands criminels de guerre nazi : Adolf Eichmann, dont le procès s'ouvre l'année suivante à Jérusalem.
L'accusé, né en 1906, a rejoint les SS en 1932 et obtenu le grade de lieutenant-colonel en 1941. Pendant la durée de la guerre, ce bureaucrate zélé et loyal organise le dépouillement et le transfert vers les camps de concentration et finalement d'extermination des populations juives d'Europe. Aucun doute qu'Eichmann soit l'un des principaux artisans de la "solution finale".
En 1961, c'est une cour ordinaire, celle du district de Jérusalem, qui juge le criminel. Le procureur général, Gideon Hausner, restera dans l'histoire pour son discours d'ouverture, qui dure trois jours, au cours desquels il témoigne de la volonté de faire de l'événement le procès du nazisme dans son ensemble. Quinze chefs d'inculpation sont retenus contre Eichmann, dont sept pour crimes contre l'humanité et quatre pour crime contre le peuple juif.
Pour le New Yorker, la philosophe d'origine juive allemande Hannah Arendt, auteur des Origines du totalitarisme, a accepté de couvrir le procès. Les cinq articles qu'elle écrit sont réunis dans Eichmann à Jérusalem - Essai sur la banalité du mal, ouvrage qui provoque une vaste polémique. Arendt y réfute le portrait d'Eichmann "monstre sadique" et instrument du mal absolu pour décrire un individu minable, fonctionnaire scrupuleux de la "solution finale".
Première dans l'histoire, la justice israélienne a décidé de filmer l'intégralité du procès et a fait appel à un documentariste américain de renom, Leo Hurwitz, qui installe un dispositif de quatre caméras vidéo - une révolution à l'époque - dissimulées derrière de fausses cloisons et balayant l'auditorium transformé en tribunal.
Le procès d'Eichmann est ainsi le seul d'un grand criminel nazi qui ait été capté dans son intégralité. Au total cinq cents heures, dont trois cent cinquante subsistent aujourd'hui, redécouvertes par hasard par le documentariste Eyal Sivan.
/!\ Attention criminel de guerre